Do You Think

France | Installation vidéo | 2017 I 13 min I couleur I stéréo

Artiste Lisa Lucciardi
Production Compagnie d’Avril

Projet soutenu par le CAC Arts Visuels 2016 de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur

Site internet de l’artiste : http://www.lisalucciardi.fr/

Do You Think est une vidéo pensée d’après plusieurs adaptations cinématographiques de l’œuvre littéraire de Charlotte Brontë, Jane Eyre, écrit en 1847. Le projet s’articule autour des questions suivantes : comment un texte écrit se modèle et se remodèle dans différentes mises en scène à des périodes différentes ? Comment observer et faire entendre à la fois la répétition et la variation ? L’intention de l’artiste est de rendre perceptible les écarts, de façon à mobiliser une attention spécifique tout en proposant l’expérience d’une incertitude et d’un trouble pour le spectateur qui écoute et regarde.

“Do you think I can stay to become nothing to you? Do you think I am an automaton? —a machine without feelings? And can bear to have my morsel of bread snatched from my lips, and my drop of living water dashed from my cup? Do you think, because I am poor, obscure, plain, and little, I am soulless and heartless? You think wrong! —I have as much soul as you, —and full as much heart! And if God had gifted me with some beauty and much wealth, I should have made it as hard for you to leave me, as it is now for me to leave you. I am not talking to you now through the medium of custom, conventionalities, nor even of mortal flesh; —it is my spirit that addresses your spirit; just as if both had passed through the grave, and we stood at God’s feet, equal, —as we are!”Jane Eyre, Charlotte Brontë 1847.

“Pensez-vous que je peux rester et n’être rien pour vous ? Pensez-vous que je suis un automate ? Une mécanique dépourvue de sentiments ? et que je pourrai supporter qu’on m’arrache le morceau de pain que je portais à mes lèvres et qu’on jette sur le sol l’eau de la vie que contenait ma coupe ? Pensez-vous, parce que je suis pauvre, obscure, quelconque et menue, que je n’ai ni âme ni cœur ? Vous pensez mal! J’ai une âme tout comme vous et tout autant de cœur ! Et si Dieu m’avait accordé quelque beauté et grande fortune, vous auriez eu autant de mal à me quitter que j’en ai aujourd’hui à vous quitter. Je ne vous parle pas aujourd’hui par le truchement de l’habitude, des conventions, ni même de la chair mortelle ; c’est mon esprit qui parle à votre esprit, tout comme s’ils étaient tous deux passés par la tombe et que nous nous trouvions aux pieds de Dieu, égaux…comme nous le sommes.” – Texte traduit par Dominique Jean pour les éditions Gallimard, 2008.